Hommage à Lucie Aubrac
Lucie Aubrac, l'une des dernières
grandes figures de la Résistance, est
décédée mercredi soir à l'Hôpital suisse de Paris, à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), à
l'âge de 94 ans.
Née le 29 juin 1912, dans une famille de
vignerons bourguignons, Lucie Bernard, agrégée d'histoire et militante
aux Jeunesses communistes, est professeur à Strasbourg où elle rencontre Raymond Samuel - qui deviendra Raymond Aubrac dans la clandestinité - qu'elle épouse le 14 décembre 1939.
En août 1940, elle organise une première fois son évasion d'une prison de Sarrebourg (Moselle).
A l'automne 1940 en zone libre, elle rencontre à Clermont Ferrand ,
le journaliste Emmanuel d'Astier de la Vigerie qui organise un petit
groupe clandestin "La dernière colonne" et fait paraître un journal
clandestin Libération, noyau de Libération-sud, un des premiers
mouvements de résistance.
Lucie Aubrac enseigne au lycée de jeunes filles Edgard-Quinet de Lyon jusqu'en novembre 1943, date de sa révocation pour ses convictions gaullistes.
A partir de novembre 1942, elle dirige
dans la région lyonnaise un corps franc qui organise des évasions. Par
un judicieux stratagème, elle parvient en mai 1943, à faire libérer son
mari, emprisonné depuis mars.
Le 21 juin 1943, Raymond Aubrac est arrêté
par Klaus Barbie avec Jean Moulin, chef du Conseil national de la
Résistance (CNR) et une dizaine de résistants à Caluire, près de de Lyon.
Quatre mois plus tard, avec ingéniosité et
sang-froid, les armes à la main, Lucie Aubrac réussit à libérer son
mari et treize autres résistants lors d'un audacieux coup de main
durant leur transfert.
Recherchée par la Gestapo, elle gagne
Londres le 8 février 1944, avec son petit garçon Jean-Pierre, et
accouche quatre jours plus tard d'une fille Catherine.
A la Libération, Lucie Aubrac rejoint son mari, nommé commissaire de la République (préfet) à Marseille ,
puis représente le Mouvement de libération nationale à l'Assemblée
consultative à Paris. Celle qu'Emmanuel d'Astier de la Vigerie avait
surnommée "Madame conscience" est également membre du jury de la Haute
Cour de justice du procès Pétain.
Elle poursuit son engagement militant,
pour Amnesty international, puis dans les rangs du Réseau Femmes pour
la parité et s'était récemment mobilisée pour les sans-papiers.
En 1997, le réalisateur Claude Berri lui avait rendu hommage avec son film "Lucie Aubrac", dans lequel elle était incarnée par Carole Bouquet.
En avril 1998, les époux Aubrac obtiennent
que l'historien Gérard Chauvy et son éditeur Albin Michel soient
condamnés pour "diffamation publique" à propos du livre "Aubrac, Lyon 1943" qui mettait en doute leur rôle dans la Résistance.
En mars 2004, avec plusieurs figures de la
Résistance, comme l'ancien dirigeant communiste Maurice
Kriegel-Valrimont ou l'ethnologue Germaine Tillion, elle avait signé un
appel aux jeunes générations à réagir devant la remise en cause du
"socle des conquêtes sociales de la Libération".
Grand officier de la Légion d'honneur,
elle était l'auteur de "Ils partiront dans l'ivresse" (1984), et de
"Cette exigeante liberté" (1997).
Merci à cette grande Dame qui fut une des rares résistantes de la 2nde Guerre Mondiale ainsi qu'à ceux qui se sont battus au nom de la France. Il ne faut pas les oublier !!